Cette icône actuelle de l’école de Novgorod* reprend la Nativité telle qu’elle était fêtée auparavant, soit dans une même fête : la Nativité comme telle, la visite des anges et des bergers et celle des Mages.
La Vierge aujourd’hui met au monde l’Éternel Et la Terre offre une grotte à l’Inaccessible. Les anges et les pasteurs le louent et les mages avec l’étoile s’avancent, Car Tu es né pour nous, petit Enfant, Dieu éternel ! (Hymne orientale)
Au centre, dans la pourpre royale, la Mère de Dieu, à côté de Jésus déposé dans la mangeoire (avec dans la grotte le bœuf et l’âne, allusion à un texte d’Isaïe : « Le bœuf connaît son possesseur, et l’âne la crèche de son maître: Israël ne connaît rien, mon peuple n’a point d’intelligence » Es. 1.3) ; venant du ciel, un triple rayon exprime l’intervention du Dieu trine.
Marie regarde avec compassion vers Joseph, qui est dans le doute et à travers lui, elle regarde vers l’humanité tout entière plongée dans les ténèbres de l’ignorance. Sa main semble désigner le nouveau-né, par ce geste elle guide tout homme vers le Fils de Dieu.
Jésus est au creux de la grotte, comme s’il était issu de la terre elle-même. Cette image nous donne le vrai sens de l’Incarnation. Lorsqu’Adam a été créé, il a été tiré de la terre, aujourd’hui le Christ- le second Adam, recrée l’homme dans sa personne. Le Fils de Dieu, au creux de la grotte, a pris notre condition humaine : il est né de la terre et retournera à la terre, lors de son ensevelissement : « Le premier homme, issu du sol est terrestre ; le second homme, lui, vient du ciel… Et de même que nous avons revêtu l’image du terrestre, il nous faut revêtir l’image du céleste » (1 Cor. 15 : 47,49).
La crèche est donc aussi un tombeau, Jésus y est couché comme dans un suaire, et la grotte qui servait d’étable est aussi la grotte du tombeau, trou sombre qui mène à la mort, autant d’allusions limpides à la mort et résurrection du sauveur, déjà en perspective ici.
Les anges « dans nos campagnes » se trouvent en haut, celui de droite tendant un voile pourpre ; un berger sonne sa trompe à droite aussi. Les Mages, représentant les nations païennes reconnaissant le vrai Dieu, arrivent par la gauche : « Ta naissance, ô Christ notre Dieu, a fait resplendir dans le monde la lumière de la Connaissance. En elle les serviteurs des astres, enseignés par l’étoile, apprennent à T’adorer, Toi, Soleil de Justice, et à Te connaître, Orient d’En-Haut. Seigneur, gloire à Toi ! » (Hymne de Noël.)
En bas à droite, les sages-femmes lavent l’enfant, dans une allusion au baptême ; notons le geste très maternelle de la femme qui tâte la température de l’eau.
En bas à gauche, saint Joseph médite sur tout ce qui se passe et reçoit « en songe » (en prière) les ordres de Dieu, tandis que le petit bonhomme devant lui n’est rien d’autre que le chaïtan (« l’adversaire » en hébreu) qui le soumet au doute. Les animaux sont en fait des moutons, semblables à ceux aux pieds du berger (sans doute a-t-on rarement vu de mouton à Novgorod ?).
*http://www.ndweb.org/2014/12/icone-de-la-nativite-ecole-de-novgorod/